AMICALE DES RETRAITES DE SOGREAH
Phnom Penh, la crue de 1996
L'eau dans la cour du bureau de Sogreah à Phnom Penh
Les infrastructures hydrauliques de Phnom Penh (Cambodge) face au risque d’inondation depuis 1979
Céline Pierdet
Pages numérotées de A 91 à A 106
Résumé
Située dans la plaine alluviale du Mékong, la ville de Phnom Penh doit faire face chaque année à un risque d’inondation aggravé. Les infrastructures doivent contenir la montée des eaux du fleuve, tout en assurant l’évacuation des eaux usées et pluviales. Leur absence d’entretien sous le régime khmer rouge a menacé la pérennité de la cité endiguée. Le recours à l’expertise internationale, renforcé à partir de 1992, a permis la reconstruction des réseaux et une meilleure évaluation de l’aléa par la reconstitution des séries de données. Mais les plus démunis restent les plus vulnérables aux inondations, toujours récurrentes à Phnom Penh.
Céline Pierdet
Extrait page N° A105
Cambodge La crue de 1996 et la reconstruction des infrastructures
À Phnom Penh, la crue de 1996 oblige les autorités à colmater les brèches et à consolider les digues Lon Nol avec des sacs de sable. Les dommages alors causés à la population restent mal connus.
Dès 1995, la SOGREAH, assistante technique de la Banque asiatique de développement (BAD), insiste sur la nécessité de réhabiliter les stations de pompage et le réseau d’assainissement de la ville–centre. Après la crue de 1996, la JICA réalise une étude et un plan d’action pour la périphérie (JICA, 1999). D’après cette étude, la moitié orientale de l’aire urbaine de Phnom Penh doit être protégée des inondations grâce à la reconstruction des grandes digues, puis des infrastructures du bassin versant du bengTrabek. La digue Kop Srov doit servir à protéger la ville contre les inondations du prekPhnov.
En octobre 1996, des infiltrations très importantes se produisent dans cette digue sur environ 4 km. En 2000, elle menace de céder. Une portion importante est alors élargie et rehaussée en 2001-2002, et un remblai de protection est construit sur 7 km pour la renforcer. Mais la reconstruction de la partie occidentale n’étant pas achevée, elle perd en efficacité. La digue Tompun, au sud de la ville, protège cette dernière contre les crues du prekThnot. Elle est de même reconstruite sur une portion de quatre kilomètres, et une nouvelle station de pompage est construite à côté de l’ancienne grâce à des financements japonais. Dans l’intra–digue, les infrastructures du bassin versant du bengTrabek sont reconstruites entre 1999 et 2003 : canaux à ciel ouvert, retenues de stockage, station de pompage. Un bureau d’ingénierie américain – Shéladia – assure la maîtrise d’ouvrage. Jusqu’alors en terre et obstrués par de nombreux déchets, les canaux à ciel ouvert sont creusés et bétonnés. De même, le bassin de stockage du beng Trabek voit sa capacité de rétention portée à 520 000 m3 . Une station de pompage est reconstruite à côté de l’ancienne et inaugurée en novembre 2003. Elle est dotée d’une capacité de pompage de 20 000 m3 /h, qui permet aussi de vider le beng en une journée environ. Enfin, les quais du Tonlé Sap et du Tonlé Bassac, soumis à une forte érosion du fait des arrachements qui surviennent à la décrue, sont régulièrement réhabilités par tronçons. L’érosion des berges constitue non seulement un risque pour la population, mais elle met aussi en péril le bon fonctionnement des déversoirs d’orages, qui assurent l’écoulement des eaux usées et pluviales jusqu’au fleuve pour quelques bassins versants de la ville–centre.
CONCLUSION
Au total, malgré la réhabilitation des structures du système hydraulique – digues, réseau d’assainissement, etc... , des inondations subsistent dans la ville–centre.
Elles sont surtout dues au mauvais usage persistant de certaines infrastructures, à l’occupation des beng intra–urbains ou au remblai des beng périphériques, mettant ainsi en danger la cohérence du système. Compte tenu de la fragilité de ses infrastructures, la lutte contre les inondations au sein de cette cité fluviale endiguée repose sur la sécurisation des différents bassins versants par la préservation de leur indépendance. Enfin, les crues exceptionnelles du Mékong doivent être anticipées grâce aux données collectées par les différentes stations de mesure situées le long du fleuve, puis centralisées par le NCDM. La diffusion de messages d’alerte auprès des populations serait alors plus précoce. La difficulté à reconstituer des séries de données continues rend difficile toute prévision à long terme, y compris en termes de planification des infrastructures hydrauliques.
Il s’agit là d’un problème désormais commun à d’autres cités endiguées d’Asie du Sud–Est, comme Hanoi ou Jakarta, du fait de la rapidité de leur croissance. Une urbanisation accélérée tend à amplifier les inondations par ruissellement, qui ne peuvent pas être absorbées par des infrastructures devenues sous–dimensionnées, ce qui fragilise leur cohérence et leur équilibre.
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Moulin en bambou au Cambodge
Ce système ingénieux permet d'alimenter la rizière à partir d'un petit canal
Page de couverture du magazine Grid.N°24 Février 2006
BIBLIOGRAPHIE
SOGRAH INGÉNIERIE (1995). Urban Water Supply and Sanitation
Project – Interim Report, Kingdom of Cambodia, ADB
Technical Assistance Cambodia, 249 p.
STETTEN, G. (1996). Bilan des inondations – Octobre 1996,
Phnom Penh, 30 p.
LEGRAND, F. (1993). « Infrastructures hydrauliques et urbanisme », APUR,
L’urbanisme de Phnom Penh. Du constat aux projets, Paris, p. 40.
LEGRAND, F. (2003). « Phnom Penh et l’eau », APUR, Phnom Penh à l’aube du XXIe siècle, Paris, p. 17.
Source
Voir les autres intervenants sur le Pdf ci-dessous
https://www.erudit.org/fr/revues/eue/2008-v2-eue2417/019223ar.pdf
Date de dernière mise à jour : 2019-10-25