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Dans les marecages du Rio Bengo

 

Dans les marecages du Rio Bengo

 

Angola 1993

 

DANS LES MARECAGES DE L’ANGOLA

 UN MATIN EN AFRIQUE

 Il était environ 7 h, ce jeudi 8 avril 1993, lorsque l'avion amorça sa descente sur l’aéroport Aghostino Neto de Luanda. Par le hublot, Manuel contempla le soleil qui embrasait la rade. Dans le rouge du ciel, de petits sillons de couleur orangée s'amplifiaient peu à peu pour ressembler un peu plus loin à des rivières. Ces sillons de feu s'entremêlaient ensuite très vite avant de s'engloutir dans d'immenses lacs qui avaient la couleur de l'or. "A la création du monde, ça devait être comme ça" se dit-il. On distinguait mieux la ville maintenant. Une immense avenue bordée de palmiers longeait la côte. "On se croirait à Nice" murmura-t-il à Mario qui venait de se réveiller. "Attends la suite pour parler" répondit Mario qui tentait de boucler sa ceinture pour l'atterrissage que l'hôtesse venait d'annoncer.

 Les formalités de douane furent réglées en quelques minutes et ils sortirent de l'aéroport. Au petit matin, toutes les villes d'Afrique se ressemblent. La voiture qui les conduisit à l'Hôtel croisa une myriade de bus bondés. Avec presque deux millions d'habitants, Luanda était devenue une des plus grandes villes d'Afrique. Les beaux bâtiments construits du temps des Portugais donnent à la ville une atmosphère de prospérité. Il est vrai qu'avec son sous-sol gorgé de diamants, d'or et de pétrole, l'Angola est un des pays les plus riches du continent Africain. Juché sur une camionnette chargée de mangues et de pamplemousses, un homme gesticulait et semblait en vouloir au chauffeur d'un énorme camion chargé de containers.

Les marchandes installaient déjà leurs étals sur le bord de la route.

Une nouvelle journée commençait.
 

CONTES ET LEGENDES DU RIO BENGO

Manuel n'avait pas fini de se raser lorsque le téléphone sonna. C'était Sergio : "On vous attend pour visiter la station de pompage de la Kwanza". Sergio était venu avec Eric qui connaissait bien la station. Mario, Pedro et Manuel s'entassèrent dans la jeep 4 x 4. Une heure après, ils longeaient le canal bétonné construit dans les années soixante. La piste était défoncée par endroits et la jeep dérapait parfois jusque sur le bord du canal.

 La Kwanza déroulait ses méandres au milieu d'un épais marécage encombré de jacinthes d'eau, de roseaux et de gros liserons rouges. Une étouffante chaleur tropicale stagnait sur les hautes herbes. "Ce coin doit être infesté de serpents" grommela Manuel. Le coassement des grenouilles était devenu si fort que personne n'entendit ce qu'il disait. Du revers de la main, il essuya la sueur qui lui coulait dans les yeux. "Je ne me sens pas à l'aise" bougonna Manuel. "On se croirait à Dien Bien Phu" ajouta-t-il à l'adresse de Pedro qui inspectait l'autre rive de la cuvette. Il n'avait pas fini sa phrase que deux hélicoptères apparurent à l'horizon. "Regardez ! On nous recherche !" dit Mario en montrant du doigt les appareils qui filaient en rase motte sur le marais. "Mais qu'est-ce que c'est que ce tintouin" se demanda Manuel. Il était presque midi et cela faisait plus d'une heure qu'ils marchaient. Il faisait si chaud qu'une fine vapeur d'eau s'élevait au-dessus des hautes herbes du marécage. "Ça cuit ici" dit Sergio en se retournant vers le groupe qui, accablé par l'air brûlant, avançait dans ce cloaque sans souffler mot.

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Les hélicoptères s'étaient éloignés et on arrivait en vue de la station. De loin, noyée dans les hautes herbes, elle ressemblait à un grand bateau blanc échoué sur la rive. Surpris par l'arrivée du groupe, un iguane avachi sur la dalle de béton brûlante prit la fuite dans les roseaux. "Ça me rappelle les marais de Sarawak" s'esclaffa  Mario. Manuel ne répondit pas. Il se souvenait en effet de ce marécage du Nord de Bornéo où leur hors-bord devait s'élancer dans la vase gluante des berges pour tenter d'accoster. A Sarawak, on n'était pas loin d'"Apocalypse Now", mais ici, c'est le bouquet. Face à un énorme moteur diesel, Eric s'efforçait de capter l'attention de la petite troupe mais sa voix était complètement couverte par le bruit.

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Jean Claude REVERDY alias Mario en équilibre sur le tronc d'arbre qui permettait d'accoster depuis le bateau.La perche plantée dans la vase permettait de tenter de conserver son équilibre.Scan d'une diapositive de notre mission à Sarawak en 1983 .Diapo retrouvée le 20 Mai 2014.

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Claude Moinet et Jean Claude Reverdy sur la rivière dans le marécage de Sarawak en 1983.Le bâteau était équipé d'un moteur hors bord puissant qui permettait d'aller très vite.le bâteau de Jean Luc Rahuel a heurté un tronc d'arbe qui flottait entre deux eaux que le pilote n'a pas détecté assez tôt pour l'éviter.Le moteur est tombé au fond de la rivière . 

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 Claude Moinet et Jean Claude Reverdy-Hall de l'Hotel Meridien Luanda Pâques 11 avril 1993

 Eric vivait depuis plusieurs années en Afrique. C'était un baroudeur comme on en fait plus. De profil, il ressemblait à Tabarly. C'est d'ailleurs pour ça qu'il avait été surnommé Eric... Lorsqu'ils sortirent de la station, la brume était devenue plus épaisse et on aurait dit que toute la vallée fumait. Accablés par la moiteur des lieux, ils reprirent la petite piste pour rejoindre la voiture. Un grand crotale noir traversa le chemin et disparut dans les herbes. Plus ils avançaient, plus le silence devenait pesant. Personne ne parlait. Le seul bruit qui leur parvenait était le halètement monotone des moteurs diesels de la station. "Ça cache quelque chose" hasarda Mario en s'épongeant le front. "Soyez rassurés" dit Sergio, "le coin est calme". Ils se retournèrent tout à coup. Une sentinelle du poste de garde chargée de surveiller la station s'approchait. "Je vous l'avais bien dit qu'on n'aurait jamais dû venir ici sans une lettre d'autorisation" murmura Manuel la voix étranglée en fixant "le joujou" que le garde portait en bandoulière. Pendant une heure, Sergio s'expliqua en portugais avec le Sergent. On vit enfin Sergio revenir à la voiture. Sans un mot, il prit le volant, et la jeep démarra en canard sur la piste détrempée. "C'est une vraie savonnette cette piste !" s'exclama Sergio. Un python énorme fila sur le bas-côté de la piste. "Bon sang, mais si ça continue, nous sommes bons pour le trophée Camel. C'est pire qu'à Manille en 91 avec le Pinatubo" ajouta Pedro. "Ouais, et toi Manuel tu pourras ajouter un épisode à ta légende" murmura Mario. Fatigué par la chaleur, Manuel ne répondit pas.

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Jean Claude Reverdy-Pierre Galzin-C Moinet Avril 1993

Quelques instants plus tard, ils étaient dans les faubourgs de Viana. La nuit tombait lorsqu'ils arrivèrent sur l'Avenida 4 de Fevereiro, faiblement éclairée par quelques réverbères à la lumière blafarde. "Obrigado Sergio, on n'oubliera pas cette excursion de sitôt. A demain pour la visite de Ganda. J'espère que les rives du Rio Bengo sont plus calmes".

 Luanda-Angola-C Moinet 8 Avril 1993

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Hôtel Le Meridien Luanda

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BERNARDO DOMINGO

 

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Date de dernière mise à jour : 2017-07-12

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