Créer un site internet

Abbé Cayère Neyrpic

L'Abbé Paul Cayère (1892-1967)

Paul cayere portrait

"Ce qui frappait dans son intelligence était la faculté d'aborder les sujets les plus divers associée à un pouvoir de pénétration peu commun."

André Bérard (Cl 1924).

Paul-Elie-Alphonse Cayère naît le 25 juin 1892 à Grenoble, 9 rue Billerey, dans le quartier Saint Laurent, fils de Paul-Jean Cayère, gantier et de Marie Ageron, son épouse.

A la fin du 19e, vivait là un milieu populaire d'une petite classe moyenne, employés ou artisans, traditionnel et de grande conscience professionnelle. Il prépare à Vaucanson le concours aux Arts et Métiers où il entre en 1907, 4e sur 112, l'un des plus jeunes.

Il en sort en 1910 avec une médaille d'argent. Il trouve son premier emploi à la Société Nouvelle des Moteurs Sabathe à Saint Etienne mais il décide, au bout d'un an, de suivre les cours de l'Institut Electrotechnique de Grenoble d'où il sort diplômé en 1912. Il y rencontrera Louis Barbillion, ancien de Sup Elec, le fondateur de cet institut en 1906, qui restera pour lui un maître vénéré tout au long de sa vie. La même année il commence à préparer son premier brevet sur les régulateurs tachyaccélérométriques pour turbines hydrauliques.

Période de la guerre 1914-1918

Il est incorporé en 1913 au 5e dépôt des Equipages de la Flotte et embarque comme matelot-dessinateur sur le cuirassé Paris qui assurera la protection des convois en Méditerranée. Il y restera pendant ses deux premières années de guerre, l'esprit en éveil et faisant son profit de l'étude des systèmes de régulation (torpilles et conduite du navire) utilisés sur ce bâtiment.

En 1916, ayant probablement fait le plein de ce qui pouvait satisfaire sa curiosité et alimenter sa réflexion, il est volontaire pour l'aéronavale, où il est nommé pilote débutant après sa formation et où il sera démobilisé avec le grade de Maître et la croix de guerre. Il fait alors équipe avec l'Enseigne de vaisseau Robert Montagne, qui enseignera en 1948 au Collège de France, et qui sera, lui aussi un de ses modèles. Entre temps, en 1917, il fait breveter son invention sur les régulateurs et en 1919, il rédige un mémoire sur la stabilité des aéroplanes, prélude à un brevet sur un viseur de bombardement.

Démobilisé, il entre chez Neyret-Beylier, qui deviendra Neyrpic après la seconde guerre mondiale. Il en sera l'Ingénieur en Chef et il assurera la paternité d'un certain nombre de brevets, toujours dans ses domaines de prédilection : la régulation et la métrologie.

Dans ce parcours classique pour un brillant Ingénieur, intervient alors un changement radical.

Il entre au Grand Séminaire en 1924 et est ordonné prêtre le 14 Juin 1930.

Dire l'incompréhension du milieu grenoblois et même, pour certains, la consternation, est une évidence, d'autant plus qu'il semblait être un athée. Il n'est pourtant pas, pendant ses études au séminaire, hors du siècle.

Il intervient, par exemple, dans son ancienne entreprise où il a été appelé en consultation technique. C'est après son ordination qu'il adopte ce qui sera sa signature désormais :

Abbé Cayère Ingénieur A. et M. et I. E. G.

Après quatre ans d'affectations sacerdotales diverses pendant lesquelles il réfléchit et prépare ce qui sera son projet de vie, il fonde en 1935 l'Ecole Libre d'Apprentissage de Grenoble : l'ELAG. Il s'y consacrera toute sa vie sans retenue et en fera une réussite si l'on en juge par les résultats obtenus avec des moyens qu'il lui a fallu trouver car il a toujours refusé les subventions sollicitées, y compris celles de l'Eglise.

Cette école était originale à plus d'un titre :

    - Elle a été fondée par un Syndicat d'Apprentissage composé de patrons, de cadres et d'ouvriers

    - La méthode d'enseignement s'appuie sur l'expérience et l'observation par la mesure

    - Les élèves réalisent des fabrications pour l'industrie

    - L'éducation vise à préparer des hommes responsables

Ce n'est donc pas une école technique comme il en existe déjà beaucoup à l'époque mais une école d'apprentissage, ce que Georges Charpak a bien illustré récemment avec son slogan : " mettre la main à la pâte ". Paul Cayère utilise une formule choc , s'adressant à ses élèves : " Soyez des cérébraux-manuels ".

Une école à bâtir à partir de rien, un programme novateur, pas ou peu d'argent, voilà un projet à sa mesure, dans lequel il s'investit totalement et qui est probablement pour lui une mission au sens chrétien du terme.

Il est seul et sans moyens et pourtant réussit. En quelques années, il aura son école, ses machines et un nombre de candidatures à l'entrée qui l'oblige à faire une sélection sévère. Cette sélection est d'ailleurs bien dans l'air du temps, l'enseignement technique en général drainant les meilleurs éléments des classes primaires et primaire supérieure vers le technique. Les résultats sont bientôt là : la réussite au CAP atteint 100% et la renommée de son établissement franchit rapidement le cadre local.

En 1949, ayant déjà des soucis de santé, il demande à sa hiérarchie catholique de l'aider et l'enseignement général de son école est confié aux Frères des Ecoles Chrétiennes, lui-même se réservant les études techniques. L'effectif de l'école atteindra 150 élèves. S'ouvre alors pour lui une période très riche qui dure une dizaine d'années et pendant laquelle, dégagé des soucis administratifs, il dépose l'essentiel de ses brevets, une trentaine, et rédige ses articles d'enseignement ou résumés d'études la plupart publiés dans le bulletin trimestriel de l'ELAG. En 1959, les Frères ne pouvant plus assure l'enseignement général, quittent l'Ecole et il reprend le flambeau malgré un état de santé inquiétant.

Si l'on sent bien que la Régulation, au sens large du terme, c'est-à-dire la maîtrise du fonctionnement des systèmes en mouvement, et la Métrologie allant du comparateur à la mesure des états de surface, sont toujours ses deux domaines de prédilection, il s'intéresse aussi à d'autres domaines.

On trouve par exemple, dans le bulletin trimestriel de l'ELAG d'avril 1957, une étude sur l'oreille intitulée : " Un Mécanicien contemple la Création : L'Oreille. "

En 1959, les Frères quittent l'Ecole et il reprend le flambeau, seul, malgré un état de santé inquiétant. Son œuvre a survécu ; elle existe toujours aujourd'hui.

Cul de lampe 5

            Quelques uns des articles :

- Les régulateurs de turbines hydrauliques (Arts et Métiers octobre 1927)

- Métrologie des angles

- Métrologie des états de surface :1962

- Le niveau à bulle : 1962

- Recherches expérimentales sur le contrôle opératoire (tournage, rectification…)

- Rugomètre à empreintes

- Un pionnier de l'automatisme, Louis Barbillion et l'Ecole grenobloise de régulation

Pratiquement tous les bulletins de l'ELAG comprennent un article de Paul Cayère, souvent couplé avec un catalogue de prix des outils pour la métrologie fabriqués par l'Elag

- Etudes sur l'oreille et le grain de blé.

Nous n'avons pas de documents concernant personnellement Paul Cayère et son ascendance. Il n'a pas de descendance directe ou indirecte pouvant témoigner.

On ne sait rien de ses premières années ni de sa famille d'origine ; les trous dans la partie privée de sa biographie sont d'ailleurs très grands et pour appréhender l'homme, on en est réduit aux hypothèses.

On sait seulement qu'il avait une sœur décédée sans enfant. Le seul témoignage, à notre connaissance, sur ce qu'était l'homme Paul Cayère est de André Bérard (Cl 1924) , un ami proche, qui a écrit un article dans Arts et Métiers d'octobre 1967.

Il écrit : " Tout ceci ne donnerait de Paul Cayère qu'un image bien incolore si l'on taisait sa foi chrétienne. Ne pas en parler serait le trahir. Seule pourrait retenir la crainte de ne pas être assez délicat vis-à-vis de la conscience de nos camarades qui ne partagent pas sa foi…. Pour lui qui a créé toute sa vie, Dieu était d 'abord le Créateur dont il contemplait l'œuvre à travers les lois de la mécanique qui lui étaient si familières, et dans la nature qui ne cessait de l'émerveiller. "

Trouver, à ce point, chez le même homme, la Raison et la Foi, la Science et la Religion, n'est pas courant, du moins chez les ingénieurs. Claude Bernard, cité par Pierre Chaffiotte (Cl 1935) dans son ouvrage " Le Charbonnier et le Savant ", écrit : " le pourquoi des choses dépasse nos possibilités d'analyse, nous devons nous contenter du comment ". La vie de Paul Cayère montre portant qu'il avait trouvé " son " équilibre avec la Foi et la Raison.

Il est décédé le 26 février 1967 après avoir subi l'amputation des deux jambes et est inhumé à Grenoble, au cimetière Saint Roch.

En 1912, Paul Cayère illustre à l'encre de Chine son rapport de stage dans une usine hydroélectrique.

Dessin couleur cayere

Quelques brevets :

- 496926 en 1917 : Régulateur de vitesse à action indirecte (Tachyaccélérométrique)

- 552010 en 1921 : Tachymètre à force centrifuge (brevet Neyrpic)

-563760 en 1922 : Mécanismes répartiteurs réalisant automatiquement entre les machines motrices d'une usine la répartition de la puissance qui donne le rendement optimum de l'ensemble

- 955610 en 1947 : Dispositif de triage et classement des poudres fines

- 1024183 en 1950 : Brides autoclaves pour fluide surchauffé à haute pression

- 1084711 en 1953 : Servo-micromètre pneumatique

- 1245665 en 1959 : Appareil pour mesurer la rugosité, à coupe virtuelle par empreintes

Edmond DE ANDREA - Aix 45

https://patrimoine.gadz.org/gadz/cayere.htm

Voir quelques unes des grandes figures des ingénieurs Arts et Métiers qui ont marqué l'histoire de notre pays et des sciences et technologies. La fondation poursuit ses travaux pour publier de nouvelles biographies et aller jusqu'à des biographies de gadzarts de notre époque.

https://patrimoine.gadz.org/gadz/gadz_som.htm

Voir aussi Paul Cayère page 2

***

Le 3 Mars 2018 ,lors de l’inauguration de l’exposition « Au fil de l’eau » au musée de peinture (Centenaire de Neyrpic) nous avons rencontré un visiteur qui nous a parlé de l’abbé Cayère qui avait fondé l'Ecole Libre d'Apprentissage de Grenoble "ELAG".

Jacques Bagnérès connaissait le nom de cet ingénieur mais ni Pierre Bernard  ni Claude Moinet qui assistaient  à cette inauguration ne connaissaient l’Abbé Cayère. Nous avons pensé utile de sortir de l’ombre cet inventeur qui  a déposé en 1919 son premier brevet sur les régulateurs tachyaccélérométriques pour les turbines hydrauliques.

Le texte ci-dessous a été publié par écrit par Jean Serres, Ai. 44 à partir de l’article publié dans la “Revue des Arts et Métiers du mois d’Octobre 1967”. Planches et dessins sont des extraits du livre “Paul Cayère - Ingénieur, Prêtre et Citoyen” de J Linossier Publié par les Archives Départementales de l’Isère. Ce livre est vendu par les anciens élèves de l'ELAG, 42 Rue M. Barrès, 38100 Grenoble.

Voir les trois films du centenaire de Neyrpic ici

3 titre neyrpic

Cube g 1

Niveau à bulle ELAG de l'abbé Cayère

 

Photos trouvées sur un forum.


J'ai retrouvé ce niveau à bulle fabriqué par E.L.A.G (Ecole Libre Apprentissage Grenoble) et me demande comment il fonctionne?
Tout d'abord quand je regarde la loupe, la bulle me parait énorme dépassant le champ de vision. Y a t-il manque de liquide et lequel rajouter? Eau déminéralisée ou autre?
Il n'y pas de repères dans l'optique pour centrer la bulle, normal?
Si quelqu'un connait ce matériel ou possède une notice (là je crois que crois que je rêve un peu ), ce serait sympa de m'en dire un peu plus sur la méthode d'utilisation merci
Sinon ça parait être du super matériel de contrôle.


Christian-
Lechene1957, 24 Juillet 2012, à 17:45

  1. https://www.usinages.com/threads/niveau-a-bulle-elag-de-labbe-cayere.45290/

***

Niveau a bulle cayere elag 2

***

Niveau a bulle cayere elag 3

***

Niveau a bulle cayere elag 5

***

Page publiée le 11 Mars 2018

Ajouter un commentaire
 

Date de dernière mise à jour : 2018-07-02

Créer un site internet avec e-monsite - Signaler un contenu illicite sur ce site